József Szabó / Gyula Lakatos / Kálmán Rubovszky

La satisfaction de nos besoins croissants en ce qui concerne ­l’alimentation, les vêtements, les voitures, etc. face à la ­protection de l’environnement: ces choses vont-elles ensemble et quel rôle les médias jouent-ils? L’étude présente a pour but de démontrer comment les médias locaux peuvent contribuer à modeler une attitude respectueuse de l’environnement dans le cadre d’un développement durable qui vise à protéger l’environnement et à transformer l’ordre économique et social de manière à établir un rapport d’harmonie entre l’humanité et la nature. La réalisation d’un développement durable implique, elle, une éducation à l’environnement, c’est-à-dire un processus complexe de socialisation qui se répercute sur la vie politique et économique aux niveaux local, national et mondial. Si l’éducation à l’environnement peut être mise en place dans le cadre traditionnel de l’éducation formelle, les types d’éducation non formelle et informelle gagneront en importance dans ce domaine. Les auteurs travaillent à l’université ­hongroise de Debrecen, József Szabó et Kálmán Rubovszky au département d’études culturelles et Gyula Lakatos au département d’écologie appliquée.

L’éducation informelle et les médias

Introduction

Pour pouvoir survivre, les gens doivent produire et consommer des marchandises, un processus qui a des répercussions directes sur leur environnement naturel. Aujourd’hui néanmoins, les contradictions entre les lois de la nature et les désirs des hommes se sont muées en un conflit spectaculaire dont l’impact sur l’environnement prend de plus en plus d’ampleur. En réponse à cette situation, le concept du développement durable s’efforce de concilier les intérêts de la génération d’aujourd’hui (manger à sa faim, avoir un appartement chauffé bien à soi, porter des vêtements neufs, etc.) avec un air propre et respirable, un environnement agréable et une existence viable pour les générations futures. La question n’est plus de savoir si l’on accepte ce principe, mais de se demander comment le réaliser pour en faire profiter le plus vaste échantillon possible de population.

La société de consommation offre des produits finis, et l’éducation du consommateur qui prépare les individus à faire leurs choix avec discernement est de plus en plus efficace. Cependant, la publicité diffusée dans les différents médias et les autres activités de marketing nous éclairent tout en nous manipulant au niveau émotionnel, nous encourageant à acheter et à consommer des marchandises. Ces informations interagissent avec les connaissances de base qui nous viennent de l’éducation formelle, de la scolarité et de l’éducation familiale, et de ce que nous apprenons plus tard au sein de la communauté et par le biais des relations que nous entretenons. Nos habitudes et pratiques de consommateurs et notre attitude vis-à-vis de l’environnement s’améliorent ainsi constamment.

L’éducation à l’environnement

En 2000, un sondage fut effectué sur l’attitude des Hongrois vis-à-vis de l’environnement. Quoique non représentatifs, ses résultats étaient plausibles et furent utiles. Le sondage fut effectué dans trois villes, Budapest, Miskolc et Túrkeve, ce qui permit de comparer différentes régions (la capitale, une ville industrielle et une zone agricole). Les questionnaires furent remplis par plus de trois-cents personnes – environ 150 à Budapest et 100 à Miskolc, et plus de cinquante à Túrkeve. Le but du sondage consistait à obtenir des renseignements sur la sensibilité des gens à l’égard des questions relatives à l’environnement, sur la fréquence des comportements respectueux de l’environnement, sur les effets de l’actuelle politique de l’environnement, sur l’opinion des gens vis-à-vis de l’entrée du pays dans l’UE et sur les répercussions qu’aura, selon eux, l’intégration de la Hongrie à l’Europe.

Les résultats de ce sondage indiquent que la population hongroise estime que la pollution de l’air et de l’eau ainsi que les problèmes relatifs au traitement des déchets sont les questions les plus urgentes à résoudre en ce qui concerne l’environnement: les gens s’intéressent donc principalement à ce qui est immédiatement lié à leur vie et à ce qui les touche directement. Les habitants des régions industrielles sont plus préoccupés par les problèmes relatifs à l’environnement que les habitants de la capitale, qui en sont manifestement moins affectés. Les femmes et les personnes âgées sont mieux renseignées sur la situation de l’environnement dans leur pays que les hommes ou que les jeunes.

D’après les informations obtenues, la majorité des gens ne se consacre pas activement à la protection de l’environnement. Tandis que dans le pays on fait d’une manière générale des économies d’énergie et que l’on pratique un ramassage sélectif des déchets, l’emploi d’autres moyens de protection de l’environnement ou le soutien des activités des groupes écologistes restent sporadiques. Les personnes interrogées qui avaient déjà pris des mesures pour protéger l’environnement ont affirmé qu’elles s’y consacreraient encore plus si certaines conditions étaient réunies. Pour la plupart des gens, les conditions requises étaient les suivantes: argent, informations et temps.

Le sondage a confirmé la volonté générale de prendre des mesures pratiques pour protéger l’environnement et a en même temps révélé que la majorité des personnes interrogées manquaient d’informations concernant la politique nationale en matière d’environnement. Bien qu’elles connaissent mal les initiatives prises par les ministères responsables et par les organes locaux du gouvernement, elles considèrent que leurs prestations sont insatisfaisantes et inappropriées. Certaines personnes pensent même que le gouvernement ne fait aucun effort pour protéger l’environnement. La diffusion des informations et l’éducation informelle n’ont pas suffi, comme on avait pu le souhaiter, à faire de l’environnement un thème de l’éducation et à modeler une approche éclairée de l’environnement. Seul un tiers des personnes interrogées est parvenue à identifier une organisation se consacrant à la question de l’éducation à l’environnement.

Le manque de connaissances est probablement le principal facteur qui empêche les gens d’avoir un comportement respectueux de l’environnement. On ne peut pas considérer que les résultats du sondage sont définitifs, mais ils démontrent sans équivoque qu’il convient de se pencher plus attentivement à tous les niveaux de la communication sur l’enregistrement, le traitement et la diffusion des informations, et d’améliorer la sensibilisation aux nouvelles connaissances et à leur mise en pratique compétente. Les pouvoirs publics devraient accorder plus d’importance à la publicité, aux conseils et à l’interactivité des relations sociales. Généralement, les gens font confiance aux autorités locales, une des nombreuses raisons pour lesquelles il faudrait faire participer les citoyens aux activités écologistes. Au plan local, il conviendrait de même que l’on donne l’occasion à la population de choisir une méthode, parmi plusieurs, qui lui permettrait d’agir, ce qui accroîtrait le respect du public à l’égard des organismes gouvernementaux.

Les connaissances nécessaires peuvent être acquises systématiquement par le biais de l’éducation, de programmes de formation et de conseils d’orientation. Les ONG peuvent jouer ici un rôle primordial. Elles sont nombreuses à être parvenues à établir des rapports de confiance avec le public, si bien qu’elles jouissent de certains avantages quand elles organisent des campagnes éducatives et diffusent des matériels pédagogiques. En se basant sur cette confiance, ces organisations peuvent également collaborer de manière productive avec les pouvoirs publics en faisant des suggestions sur les questions relatives à l’environnement tout en surveillant les activités des organes gouvernementaux. Toutefois, certaines ONG ont besoin d’acquérir plus d’expérience pratique et d’approfondir les informations dont elles ­disposent pour devenir des partenaires avertis du secteur gouvernemental.

Bien que l’opinion publique se sente en général concernée par les questions relatives à l’environnement, que les ONG deviennent de plus en plus actives et que les politiques cherchent une voie vers un développement durable, le sondage a également confirmé que la plupart des entreprises commerciales n’avaient pas encore reconnu l’importance de la protection de l’environnement et du développement durable et que celles pour lesquelles l’environnement constituait un intérêt commun avaient encore des difficultés à s’unir, si bien que la diffusion des informations demeure inefficace. Ainsi, les médias, en particulier les médias locaux, restent un moyen de communication peu utilisé.

La population locale et les médias locaux

En décembre 2000, un sondage représentatif a été effectué par l’Institut Gallup dans les principales villes de Hongrie sur l’attitude des gens vis-à-vis des médias locaux et sur l’influence de ces derniers sur la société au niveau local. Les résultats ont quelque peu surpris car ils suggéraient qu’à l’ère de la mondialisation – et malgré l’apparente dominance des médias internationaux – un pourcentage croissant du public accorde de plus en plus d’importance aux médias locaux. Ceci serait dû semble-t-il au fait que les médias internationaux ne répondent qu’aux besoins d’un type uniforme de consommateurs qu’ils cherchent par la même occasion à uniformiser encore plus. La technologie moderne sert l’expansion constante des médias. La presse, tout comme les médias électroniques, a élaboré un langage uniforme qui permet un contrôle à partir d’un centre, souvent situé hors des frontières nationales.

Les stations privées de radio, par exemple, ne requièrent que trois ou quatre employés qui travaillent en même temps et peuvent rester en contact à peu de frais par Internet ou par satellite. Les programmes radiodiffusés en direct n’existent que théoriquement: la musique est stockée sur des supports informatiques dans une centrale où l’on peut, avec le logiciel approprié, assembler et éditer une semaine à l’avance tout un programme (y compris la publicité) qui sera ensuite transmis à la station-cible. Le contenu des commentaires et des actualités est minutieusement contrôlé pour inciter les consommateurs à adopter une attitude uniforme – puisque l’économie de marché repose sur l’uniformité des consommateurs, ses composants de base. Si chaque groupe d’âge adopte l’attitude souhaitée, les gens finiront par préférer les mêmes produits aux quatre coins de la planète. Ils en soutiendront la production qui croîtra de manière ininterrompue (au même rythme que les bénéfices), ce dont profiteront les multinationales. Les premières enquêtes avaient montré que dans toutes les régions du pays, les gens accueillaient favorablement les nouveaux médias commerciaux.

Au bout de quelques années, on s’est toutefois rendu compte qu’un pourcentage considérable de la population locale restait insensible aux informations indirectes, en particulier aux spots publicitaires. L’étude la plus récente indique qu’au quotidien, les gens s’informent principalement au moyen des médias locaux et que près de trois quarts de la population des villes préfère les médias locaux, en particulier les chaînes régionales de télévision; il y a tout juste un an, ce pourcentage n’atteignait pas 50%. Bien entendu, ces chaînes régionales ne peuvent connaître un tel succès que si elles sont en mesure de proposer des programmes de grande qualité et de diffuser aussi rapidement que possible des informations importantes au niveau local. Ainsi, la presse locale a commencé à perdre du terrain: selon un sondage effectué par l’Institut Gallup, le pourcentage de la population s’informant grâce à la lecture de la presse quotidienne locale a baissé en deux ans, passant de 85 à 65%, tandis que le pourcentage des auditeurs à l’écoute des stations locales de radio passait de 43 à 78% et que celui des chaînes de télévision augmentait lui aussi, passant de 45 à 70% (dans la région de Drebrecen). Les chaînes télévisées régionales ont réussi à élaborer d’excellents programmes d’actualités et des magazines d’information et de divertissement adaptés à différents segments de la société locale. La diffusion de ces programmes entraîne même la baisse des indices d’audience des chaînes nationales. Outre les émissions de politique locale, les reportages sur les affaires publiques comme l’économie, la protection de l’environnement et les sujets sur la religion et la jeunesse sont les thèmes de prédilection des gens. Le pourcentage des habitants de Pécs et de Debrecen qui connaissent le magazine consacré à l’écologie dépasse les 75% et le taux d’audience de cette émission atteint plus de 50%. Parmi les médias d’aujourd’hui, la télévision est celui qui fournit le plus d’informations à la population. La présentation simultanée du son, de l’image et du mouvement renferme une quantité si considérable d’informations (qui vont au-delà de la signification de l’information en elle-même) qu’elle est capable d’influer sur les modes de comportement. Les médias locaux, notamment la télévision, sont donc des outils efficaces pour modeler une attitude respectueuse de l’environnement. Ils mettent les évènements locaux en avant et peuvent exposer l’impact de l’économie, de la société et de la politique locales sur le développement durable.

Il n’est pas certain toutefois que ces chaînes restent vraiment locales. Le déclin de la popularité de la presse locale peut être en partie attribué à l’usage qu’elle fait des informations standardisées issues de sources nationales. Néanmoins, si certaines stations radiophoniques locales ont, elles aussi, conservé leurs indices d’écoute d’environ 50%, bien qu’elles aient été absorbées par un service global, comme nous l’avons vu, l’indice d’écoute des véritables chaînes locales a augmenté. Ceci permet de supposer que pour les gens, les valeurs locales sont de plus en plus importantes et qu’ils désapprouvent les médias globaux. La télévision ne fait pas elle non plus exception. Le sous-développement technologique et les dépenses considérables à entreprendre empêchent la mise en place de chaînes locales «globalisées», aussi, ayant constaté les avantages des stations locales de télévision, certaines municipalités ont commencé à débloquer des crédits. Cette année, la première étape a toutefois été entreprise pour instaurer une nouvelle chaîne nationale qui projette de diffuser certains de ses programmes (uniformisés) sur les chaînes locales. On attend également que l’évolution de la technologie numérique permette dans un proche avenir une diffusion et un archivage de bonne qualité des images. Ceci ouvrira la porte à la télévision locale «globalisée» qui, selon des estimations préliminaires, pourrait recevoir deux milliards de forints du marché hongrois de la publicité. En outre, si les multinationales voient un avantage à exploiter les chaînes locales, la sécurité financière de ces dernières sera assurée, mais leur indépendance diminuera.

Conclusion

Le modèle du développement durable a globalement été accepté par les différents groupes d’intérêts, mais au niveau local, les conflits ne sont pas rares entre les représentants des secteurs économiques, sociaux et politiques. Les avantages momentanés mettent souvent leur coexistence harmonieuse à long terme en danger. Il convient de ce fait de tomber d’accord sur un modèle de développement durable au niveau local et de promouvoir en même temps la diffusion des approches respectueuses de l’environnement. Étant donné que les médias locaux attirent une audience croissante, ils peuvent manifestement jouer un rôle de premier plan dans le domaine de l’éducation informelle. La télévision peut notamment être employée dans l’éducation à l’environnement et peut encourager les gens à adopter des modes de comportement positif. Toutefois, l’usage de la télévision dans des buts éducatifs dépend largement de la bonne volonté de la société locale et des cadres qui dirigent les médias.

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