W.M.K. Wijetunga

W.M.K Wijetunga se penche sur le passé de l’ASPBAE d’un point de vue autobiographique. Il rend hommage aux femmes et aux hommes qui ont collaboré avec lui à l’ASPBAE, et souligne en particulier les mérites de Chris Duke. Avant d’occuper le poste de secrétaire général de l’ASPBAE (1985-1995), W.M.K Wijetunga avait travaillé dans les services administratifs universitaires. Il est aujourd’hui retraité et vit à Sri Lanka.

La coopération entre L’ASPBAE et rétrospective de la décennie 1985–1995

Avant que nous ne nous tournions vers la période qui s’étend de 1985 à 1995, permettez-moi de retracer très brièvement les débuts de mon parcours au sein de l’ASPBAE qui, comme l’a dit un jour le Dr Rajesh Tandon, fait penser à un train en marche, haletant sur les rails depuis près de 40 ans. Un grand nombre de ceux qui étaient montés à bord dans les années 60 nous ont quittés et, pour reprendre l’expression de Maoris, ont poursuivi leur route. Les gens que nous voyons ici, à Pékin, se sont joints à notre équipée dans les années 80 et 90, tandis que quelques-uns sont peut-être arrivés après 2000.

Le Dr Chris Duke fait partie de ceux qui ont rejoint l’ASPBAE dans les années 70. De tous ceux qui ont emprunté ce train, Chris a été le plus grand conducteur, embarquant dans la foulée un grand nombre de ceux qui, présents ici ou non, ont nettement contribué à faire progresser le train de l’ASPBAE. Un grand nombre des réalisations de l’ASPBAE sont dues aux liens que Chris a noué par l’intermédiaire du centre d’éducation permanente de l’université nationale d’Australie, liens qui ne se limitent pas seulement à la région Asie-Pacifique, mais s’étendent aussi à l’Europe et au reste du monde, en particulier grâce au mouvement international d’éducation des adultes représenté par le CIEA (Conseil international d’éducation des adultes) et l’UNESCO, à Paris et plus particulièrement à Bangkok.

C’est en 1973, à Canberra, que je rencontrai Chris pour la première fois alors que j’étais pour un an en Australie où je participais à des programmes universitaires d’éducation des adultes. À cette époque j’entendis parler du train de l’ASPBAE, sans toutefois me sentir prêt à monter à son bord. Ce n’est qu’en 1980, après avoir entretenu pendant un an d’étroits contacts avec Chris, qu’on me hissa dans le train, d’abord en tant que secrétaire-coordinateur de l’ASPBAE pour la subrégion Asie du Sud. En 1985, alors que train prenait de la vitesse et de l’élan, Chris décida de le quitter. Sans crier gare, Chris, Lim Hoy Pick et Rajesh me traînèrent de l’arrière et me catapultèrent sur le siège du conducteur, peut-être devrais-je dire qu’ils m’attachèrent sur la sellette de secrétaire général où je restai sanglé jusqu’à ce que je me libère en 1995. J’attribuerais les accomplissements de l’ASPBAE durant cette période à un ensemble de facteurs très fortuits et heureux. Pour être un bon gestionnaire, il faut avoir une bonne équipe derrière soi et aussi beaucoup de chance – deux choses qui ne m’ont jamais fait défaut, bien au contraire.

Permettez-moi de vous présenter quelques-uns des facteurs les plus fortuits qui ont concouru à faire progresser l’ASPBAE entre 1985 et 1995.

1. L’héritage du Dr Chris Duke: quand Chris nous quitta en 1985, il laissa derrière lui tout un ensemble de structures institutionnelles, d’initiatives de programmes et de la bonne volonté professionnelle en abondance.

  • Le noyau de l’équipe qu’il laissa à Yvonne Heslop, et qui l’avait soutenu en le suivant comme son ombre depuis 1991, était formé et engagé.

 

  • Il léguait à l’ASPBAE un sens excellent de la planification et de la gestion participatives allié à un style d’entreprise discret et à faibles coûts, faisant largement appel aux efforts de bénévoles, ce qui se voit particulièrement dans les structures institutionnelles peu onéreuses et décentralisées qui caractérisent aujourd’hui encore l’ASPBAE.

 

  • Il laissa aussi derrière lui tout un ensemble d’activités telles que des programmes au niveau des pays ou entre les pays, des publications, des bourses de recherche et de voyage, une base solide pour le développement et les innovations à venir.

 

  • Le vaste réseau des amis de l’ASPBAE réparti sur les cinq continents, et plus particulièrement en Asie et dans le Pacifique, fournit également une remarquable contribution.

 

  • Enfin, le soutien financier et institutionnel sans précédent et la constante bonne volonté de l’IIZ/DVV constitua la base la plus durable pour la réussite de l’ASPBAE. Je pense au nombre de fois où Wolfgang Leumer et le Dr Heribert Hinzen disaient que toute bonne chose a, tôt ou tard, une fin. Je suis bien heureux que ce jour ne soit pas encore arrivé. La coopération entre l’ASPBAE et l’IIZ/DVV est, dirais-je, le plus important héritage que Chris nous a transmis, un héritage dont j’ai eu la bonne fortune de profiter.

2. Quand j’acceptai avec grande inquiétude de prendre le relais de Chris en 1985, M. Lim Hoy Pick, à l’époque président de l’ASPBAE, me dit: «Wije, vous avez accepté, et je vous soutiendrai.» Et fidèle à sa promesse, il resta à mes côtés, solide comme un roc, dans les passes difficiles comme dans les périodes fastes. Je souhaiterais qu’il soit présent pour pouvoir lui dire qu’il a été un mentor, un médiateur, un frère aîné, un compagnon et un philosophe. J’ai eu la chance de faire mes armes sous Lim lorsque j’occupais le poste de secrétaire général. L’un des moments qui illustre le mieux mes rapports avec lui est celui où je pressai l’ASPBAE de procéder à un examen détaillé de son organisation avec une thèse intitulée «ASPBAE – rétrospective et perspectives», rédigée pour la réunion des responsables de l’ASPBAE qui devait se tenir en 1990 à Macao. Après avoir consulté mon ébauche dans l’avion qui nous menait de Singapour à Hongkong, il me dit sans hésitation: «Allez-y Wije, présentez-la, je suis avec vous.»

3. L’une des pires crises que l’ASPBAE traversa, se déroula en 1985. Cette crise structurelle avait trait à la nature représentative de l’AS- PBAE. En 1985, le Bureau d’éducation des adultes Asie-Pacifique Sud avait 21 ans, un âge auquel le désir de changement devient inévitable. Cette période fut éprouvante pour moi du fait que je venais de prendre le relais de Chris.

Le président de l’époque, le Dr A. T. Ariyaratne, intervint résolument à son inimitable manière de conciliateur et gagna du temps pour procéder à des modifications adéquates qui aboutirent en 1987 sur une structure entièrement nouvelle et plus représentative de l’ASPBAE. Hormis quelques changements mineurs, cette structure se maintint jusqu’en 1992. Les circonstances qui suivirent la première assemblée générale de l’ASPBAE en 1991 imposèrent en effet de la remodifier pour la rendre encore plus ouverte.

4. En 1990 se termina le mandat de président de Lim auquel succéda le Dr Rajesh Tandon qui devait gouverner le navire de l’ASPBAE dans des eaux jusqu’alors inconnues et, comme je l’ai dit à l’inau- guration de l’assemblée générale, nous conduire dans le véritable esprit d’un leader inspiré vers des horizons nouveaux pour nous.

  • Une augmentation du nombre des programmes proactifs suivit la restructuration de l’ASPBAE en 1992. Certains d’entre eux avaient un caractère plus militant. Un plus grand nombre d’activités reposant sur les besoins furent dès lors encouragées et entreprises.

 

  • La présidence de Rajesh a permis à l’ASPBAE de profiter non seulement de sa vaste expérience, mais aussi des ressources de la PRIA dont il était le directeur général. Rajesh a également donné de nouvelles possibilités à l’ASPBAE pour interagir avec son vaste réseau d’organisations non gouvernementales internationales, valorisant ainsi le travail du Bureau et le plaçant directement au centre des évènements dans le monde entier.

5. On demanda un jour à l’ancien Premier ministre singapourien Lee Kwan Yew de révéler le secret de sa réussite. Il répliqua promptement qu’il était capable de rassembler autour de lui un grand nombre de gens intelligents et qu’il s’en remettait largement à eux. L’ASPBAE a également eu la chance particulière de pouvoir compter sur de nombreux hommes et femmes intelligents et sages. À ceux déjà cités, je souhaite ajouter un certain nombre de leurs successeurs, dont un grand nombre n’est pas présent ici.

Quand je songe à mon parcours professionnel à l’ASPAE, c’est avec nostalgie et gratitude que je me rappelle les inestimables contributions de gens comme le Dr S.C. Dutta et Om Srivastava (Inde), Lawrence Tsui (Macao), Sunthorn, le Dr Kovit et Kasama Varavan (Thaïlande), le Dr Budd Hall et Pancho Vio Brossi du CIEA, le prof. Jong Gong Hwang et Kim Shinil (Corée), Jacob Horn de l’IIZ/DVV, le prof. Makoto Yamaguchi et Marooka (Japon), le Dr Sakya de l’UNESCO-Bangkok ainsi que MM. Yao Zangdo et Dong Ming Chuan (Chine).

6. Les années 80 et 90 furent également d’une importance capitale dans le domaine du développement humain, et l’ASPBAE, par luimême et particulièrement grâce à sa collaboration avec le Conseil international de l’éducation, fut en mesure de jouer un rôle important dans la plupart des initiatives mises sur pied à un plan international, ce qui valorisa ses propres activités. J’en citerai quelques-unes dans un ordre qui n’est pas forcément chronologique: les décennies de la Femme et de la Convention internationale des droits de l’Homme sous l’égide de l’ONU; le Sommet mondial du développement social en 1994; l’année des peuples autochtones sous l’égide de l’ONU; l’année internationale de l’alphabétisation sous l’égide de l’ONU; le Sommet de la Terre; la création de Civicus.

Permettez-moi de conclure en partageant avec vous, à l’ASPBAE, le conseil que Bouddha donna aux princes de la dynastie des Lichchavi lorsqu’ils eurent à faire face à l’invasion imminente à laquelle se préparait le roi Kosala. Il leur dit en substance qu’aussi longtemps qu’ils se réuniraient régulièrement en toute amitié et qu’ils délibèreraient et se retireraient également en toute amitié, aucun ennemi ne serait en mesure de les vaincre.

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